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auto-entrepreneur

  • Quand le travail non déclaré est érigé en modèle

    « Travailler plus pour gagner plus », Nicolas Sarkozy aurait plutôt du dire « Frauder plus pour gagner plus ». Le travail dissimulé a toujours existé, allant des heures supplémentaires non déclarées, du chantier effectué en cachette, aux salariés qui donnent un « coup de main ». Ces abus généralisés dans certaines filières professionnelles ont toujours été la réponse facile (mais illégale) à un coût du travail trop élevé. Les institutions elles même ont fini par tolérer ce mal nécessaire à la viabilité de nos entreprises quand il est utilisé avec parcimonie. Mais la crise n'arrangeant rien, la pression financière pousse indéniablement les entreprises vers l'illégalité.

    Les conséquences peuvent être grave, l'accident de travail qui ne sera pas pris en charge, l'absence de cotisation pour le chômage ou la retraite, l'absence de droit du travail. Tout cela représente un vrai danger social et économique, une bombe à retardement.

    La réponse logique à cette situation aurait été de renforcer les contrôles en échange d'une diminution du coût du travail permettant d'accompagner les entreprise vers un retour au respect des règles. Le nécessaire alignement sur les concurrents crée des effets de masse et oblige a prendre le problème dans son ensemble.

    arko.jpgPourtant, premier coup de hache donné par Nicolas Sarkozy dans l'arbre de la vertu des français : le statut d'auto-entrepreneur. Véritable régression sociale de plusieurs siècles, l'auto-entrepreneur ne bénéficie d'aucun droit, ni droit du travail ni droit sociaux, il n'est couvert ni en cas de maladie ni en cas de chômage, il peut exercer n'importe quelle activité sans la déclarer, sans satisfaire aux exigences de la branche, et cerise sur le gâteau : sans être contrôlé !

    Ainsi, des milliers de français sont passés de l'emploi salarié au travail « au noir » sous l'impulsion du statut d'auto-entrepreneur. Une concurrence déloyale pour les entreprises classiques, qui dans leur immense majorité honnêtes, continuent de payer de plus en plus de charges. Les drames personnels d'auto-entrepreneurs qui échouent et se retrouvent à la rue, sans couverture sociale, sans allocation et sans possibilité de remonter la pente sont en train de se multiplier.

    Deuxième coup de hache, la suppression des aides à l'embauche sans contre-partie, cela n'a pas fait grand bruit, mais la quasi-totalité des aides financières dont bénéficiaient les entreprises qui recrutent des personnes éloignées de l'emploi, ce fameux « plan de cohésion sociale » a été purement et simplement annulé au 1er juillet. Désormais former un jeune ou embaucher un travailleur handicapé coutera plus cher qu'avant. C'est encore une fois aux plus faibles qu'on fait porter le plan de rigueur.

    Troisième coup de hache en préparation, l'augmentation de la TVA dans plusieurs domaines sensibles, le BTP, la restauration, va apporter le coup de grâce à tous les travailleurs honnêtes.

    Nicolas Sarkozy aura alors réussi à faire de la France un pays de non droit, où travailler de façon honnête est un luxe que plus personne ne pourra se permettre, un pays où la corruption devient un mode de vie.

     

    Julien Perrin