Nous, scientifiques, associatifs, responsables économiques et politiques, juristes, citoyens, affirmons notre attachement au développement constant du principe de précaution, base de tout progrès scientifique et moteur de la recherche et de l'expertise transparente et contradictoire dans une perspective de développement durable.
Nous nous élevons contre les tentatives de déformation, d’amalgame et de réduction qui rendent son application réelle inversement proportionnelle à son évocation. En effet, la confusion soigneusement entretenue entre prévention (des inondations, des effets des éruptions volcaniques ou problématique des vaccinations de populations) et précaution, et son assimilation abusive au principe d’abstention, permettent en réalité d’échapper à la discipline scientifique et éthique qu’il impose (par exemple la dissémination des nanotechnologies sans aucune traçabilité ni aucune étude sanitaire ou environnementale réglementaire obligatoire).
La volonté de certains parlementaires, dont certains sont connus pour leur défense aveugle du nucléaire ou des OGM sans contrôle, de remettre en cause ce principe de droit international et communautaire a un double objectif :
- Transformer les populations en cobayes, pour permettre la mise en œuvre de toutes les technologies apparemment profitables à certains à court terme en contournant toute mesure de protection permettant d’éviter les drames sanitaires à répétition, comme l’augmentation des cancers et la réduction de la fertilité humaine.
- Supprimer tout risque de responsabilité pour les promoteurs de ces technologies, qu’ils soient scientifiques intéressés à leur développement, firmes ou politiques, tout en laissant les coûts à la charge du contribuable (exemple de l’amiante).
Nous affirmons notre attachement à un développement humain et durable, qui fasse supporter les risques à ceux qui les créent en application du principe pollueur-payeur, qui donne les moyens aux Etats d’assurer la sécurité de leurs citoyens, et qui ne fasse pas porter par les générations présentes et surtout futures le fardeau de choix irréversibles et périlleux.
Nous affirmons que la rationalité des choix économiques, et l’exemple récent de BP le démontre s’il en était besoin dans le domaine de la prévention, impose la prise en compte des risques non avérés qui peuvent se révéler mortels pour une entreprise comme pour une population.
Nous affirmons que non seulement la loi ne doit pas réduire le principe de précaution mais elle doit en permettre la réalité de l’application, par l’encadrement de la responsabilité liée au risque de développement, par l’obligation de recourir à une expertise pluridisciplinaire, pluraliste, transparente et contradictoire pour apprécier le risque non avéré, et par la protection des lanceurs d‘alerte.
Nous affirmons notre refus d’être transformés en cobayes- payeurs pour assurer la promotion de technologies peut être très rentables à court terme pour leurs promoteurs, mais pouvant être très coûteuses financièrement et humainement à moyen et long terme pour l’immense majorité des humains.
Nous affirmons que le principe de précaution n’est pas un facteur de régression mais de progrès.