Dimanche 11 mars lors de la Tribune politique des candidats à l'élection présidentielle, à Montélimar, Jean Rapenne, représentait Corinne Lepage.
Corinne Lepage répondait aux 5 questions du Réseau Sortir du Nucléaire:
- Êtes-vous pour l’arrêt du programme EPR, qu’il s’agisse des chantiers en cours à Flamanville (Manche) , Olkiluoto (Finlande) et Taishan (Chine) ou du projet à Penly (Seine-Maritime)?
Je suis pour l’arrêt de Flamanville ou le projet de Penly. Il m’apparait plus délicat en revanche de se prononcer pour l’arrêt de la construction de réacteurs décidés par des pays étrangers, même si l’opérateur est français. En terme d’image et de coût pour la France, cela apparait très onéreux. En revanche, il est absurde de proposer comme le fait l’accord Vert-PS la poursuite de Flamanville sans autre réacteur ; c’est une absurdité ou une imposture. en effet, ou bien on continue avec la filière nucléaire et ce sont 9 à 10 EPR qui seront construits, ou bien on change de modèle énergétique. Mais 1 EPR n’ a aucune signification ni viabilité économique.
- Quel sort réservez-vous aux centrales vieillissantes, sachant que 19 réacteurs français ont déjà atteint les 30 ans, durée pour laquelle ils ont initialement été conçus ?
La fermeture de Fessenheim est une nécessité en raison du risque évident de cette centrale. Pour les autres, la sécurité doit primer. Si les travaux de mise en sûreté sont possibles, suffisants et finançables, les centrales pourront continuer jusqu’à 40 ans pour permettre de passer à la société post nucléaire et post pétrolière comme je le propose avec la mise en œuvre de la 3 éme révolution industrielle. mais ce principe conduira nécessairement à la fermeture d’un certain nombre de réacteurs soumis à des risques immaîtrisables comme les séismes.
- Êtes-vous favorable à l’arrêt du « retraitement » à La Hague, ainsi qu’à celui de la production du combustible MOX ?
Oui et c’est déjà partiellement le cas. Le seul contrat de retraitement qui reste à La Hague est celui d’EDF. Areva vit donc sous perfusion d’EDF pour le retraitement avec un coût élevé destiné à faire tourner l’usine. Quant au MOX, personne n’en veut plus sauf EDF .Ce combustible excessivement dangereux en cas d’accident comme l’ a démontré Fukushima n’ aucune raison d’être si ce n’est de justifier La Hague. Dès lors, les emplois d’Areva sont en sursis alors qu’ils pourraient être pérennisés avec de nouvelles orientations industrielles autour de la filière du démantèlement et des ENr en particulier éolien off shore.
- Une question particulièrement importante pour les citoyens à l’origine de cette mobilisation : que mettrez-vous en place pour assurer une transition énergétique vers des énergies propres ? Comment comptez-vous soutenir les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables ?
Je propose le programme SOLEIL ( Solutions Energétiques d’Investissements de Long Terme) qui est à la fois un fonds bloqué sur 30 ans et alimenté à raison de 8 à 10 Mds par an et un plan pour assurer dans les faits la transition énergétique : RD, financement de la décentralisation énergétique, achat d’entreprises dotées de brevets pour rattraper notre retard, financement de la mise en œuvre de l’efficacité énergétique. L’objectif est d’atteindre 30% d’Enr en 2020.
- La France a signé le Traité de non-prolifération des armes nucléaires qui ne donne ni calendrier ni étapes de désarmement nucléaire. Comme cela a été fait pour l'élimination des armes chimiques, êtes-vous favorable à une Convention d’Élimination des armes nucléaires au niveau international ? Quelles initiatives comptez-vous prendre pour mettre en œuvre votre accord (mise hors alerte des armes nucléaires[1], démantèlement de la force aéroportée…) ?
Les questions ne nucléaire civil et de nucléaire militaire peuvent et doivent être disjointes. Je suis favorable évidemment au désarmement nucléaire mais je ne suis pas naïve. Les menaces nucléaires qui pèsent actuellement sur le monde rendent impossible à mes yeux l’abandon unilatéral de notre force de frappe nucléaire
Corinne Lepage