L'objectif fixé en amont est atteint : les 190 pays réunis à Genève (Suisse) depuis dimanche dernier ont réussi à préparer un texte de négociation en vue de l'accord sur le climat qui devra être adopté en décembre 2015 lors de la conférence de Paris. Il s'agit d'"une étape clé vers un nouvel accord universel sur les changements climatiques", estime le secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc).
A noter que les négociateurs se sont aussi accordés sur l'ajout de deux sessions de négociation supplémentaires. La première se déroulera du 31 août au 4 septembre et la seconde du 19 au 23 octobre.
Poser les options
Concrètement, le texte obtenu constitue un premier document de négociation officiel, contrairement aux textes précédents qui, bien que validés par les négociateurs, faisaient figure de "boîtes à idées" non officielles, tout au moins jusqu'à la conférence de Lima.
Le texte validé en Suisse aborde : les objectifs généraux de l'accord, les questions d'atténuation, l'adaptation aux impacts des changements climatiques et les pertes et dommages, le financement, les technologies, le renforcement des capacités de lutte des pays les plus vulnérables, la transparence des actions menées et des soutiens apportés, les questions de calendrier liées aux engagements et à la vérification de l'application des mesures adoptées et, enfin, la mise en œuvre et le contrôle du respect de l'accord. Bien sûr, le texte regorge de parenthèses, d'options et de sous-options.
Parmi la multitude de points abordés, un des éléments clé est le périmètre des Etats qui seraient visés par l'accord. Plusieurs possibilités se dessinent, parmi lesquelles celle de créer deux types d'engagements : des engagements quantifiés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), à la manière des objectifs du protocole de Kyoto, et des engagements plus légers constitués de programmes d'actions dont la finalité est la limitation des émissions par rapport à une situation au fil de l'eau. Cette option reprend, dans sa philosophie, l'accord sino-américain du mois de novembre 2014.
Quant aux pays visés par les différentes catégories d'engagements, ils seraient déterminés, soit en fonction de critères d'émissions de GES conjugués à des critères économiques, soit en fonction de leur capacité à agir et de critères économiques. Dans les deux cas, la situation des Etats serait réévaluée périodiquement, faisant évoluer la liste des pays engagés.
Les négociations n'ont pas démarré
En quittant Genève, les représentants de l'UE ont formulé une critique concernant le déroulement de la semaine de négociation. "Nous avons manqué une occasion de négocier sur les questions de fond", a déploré Ilze Pruse, évoquant un "sentiment de frustration". Cette position est cependant surprenante car l'objet de la réunion n'était pas de négocier un texte, mais plutôt d'organiser l'ensemble des éléments nécessaires à l'élaboration d'un document de négociation. C'est d'ailleurs parce que la négociation du contenu du texte a été laissée de côté que la semaine s'est déroulée dans de si bonnes conditions.
Evidemment, lors des travaux, certains négociateurs ont exprimé des craintes voyant le texte croître. Néanmoins, il a été décidé de maintenir de nombreux ajouts de sorte à ne froisser personne et s'assurer que tous les négociateurs retournent dans leur pays avec le sentiment d'avoir été écoutés et respectés.
Un fait suffisamment rare pour être souligné illustre cet aspect : "les pays se sont rapidement mis d'accord sur un texte qui servira de base à la négociation jusqu'à Paris", note le Réseau Action Climat (RAC). Un constat partagé par Christiana Figueres, Secrétaire exécutive de la Ccnucc, qui met en avant "la vitesse à laquelle les négociateurs ont travaillé au cours de la semaine dernière".