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Cop21 - H-48 - L'heure des compromis

cop21A 48h de la cloture des négociations, Laurent Fabius a présenté une nouvelle mouture du texte, ramené à 29 pages et comportant moins d'options.

Parmi les progrès, l'adaptation aux événements extrêmes.
Parmi les questions en suspens : l'ambition de l'accord (1,5 ou 2°C), le financement et la différenciation... Cela fait beaucoup.

L'impression générale est que l'on élague beaucoup de détails, qu'on lève des ambiguïtés, mais que des points-clé ne sont pas tranchés.
L'espoir réside dans des décisions politiques qui emporteront, ou pas, l'ensemble du processus. «Dès l’instant où tous les paragraphes sont liés, tout ne peut se débloquer que dans la dernière ligne droite». Selon Céline Charveriat, d’Oxfam, «la bonne nouvelle, c’est que la France tente de peser pour conserver un réel niveau d’ambition de l’accord. La mauvaise, c’est que tout cela peut s’effondrer dans les heures qui viennent pour arriver à un deal low-cost. C’est une négociation roulette russe.»

Laurent Fabius a averti que les ministres allaient devoir travailler «cette nuit et demain»«Cela doit être les vingt-quatre heures les plus utiles de ces six dernières années, depuis Copenhague», a affirmé Nicolas Hulot, envoyé spécial de l’Elysée sur le climat.

Cap21 Lorraine

"Des progrès, mais un énorme travail reste à accomplir. A deux jours de la clôture de la conférence mondiale sur le climat, Laurent Fabius, le président de la COP21, a présenté, mercredi 9 décembre à 15 heures, une nouvelle version du projet d’accord aux ministres et négociateurs. Un texte qui, a-t-il souligné, présente « une cartographie des progrès réalisés et des points de convergence qui restent à construire ». Par rapport au document de 48 pages adopté samedi, le texte a été réduit à 29 pages, et trois quarts des passages entre crochets – les formulations qui restaient à trancher – ont été supprimés.

Des compromis ont émergé sur le renforcement de l’adaptation aux impacts du changement climatique, sur la question des pertes et des dommages ou encore sur la transparence du suivi des actions climatiques, selon Laurent Fabius. Du côté des divergences, les ministres et négociateurs doivent encore régler les épineuses questions de la différenciation des efforts entre pays riches et pays plus pauvres, du financement de la lutte contre le changement climatique et du « niveau d’ambition de l’accord ».

Sur ce dernier point crucial, dans l’article 2 qui doit définir la limite de réchauffement à ne pas dépasser, trois options restent notamment ouvertes : « maintenir le réchauffement climatique sous 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle ; bien au-dessous de 2 °C [et augmenter [rapidement] les efforts pour limiter la hausse de la température à 1,5 °C] ; sous 1,5 °C. » Ce seuil divise profondément les 195 pays : les Etats les plus vulnérables au changement climatique, mais aussi de gros émetteurs tels que l’Australie et le Canada, soutiennent une limitation du réchauffement à 1,5 °C.

Une longue nuit de négociations

« Nous avons progressé mais il reste encore pas mal de travail » avant d’aboutir à un « accord juridiquement contraignant, ambitieux, équilibré et durable », a souligné le président de la COP. Après avoir remis le texte aux ministres et facilitateurs, il les a invités à démarrer sans plus attendre les consultations, avant une réunion vers 20 heures du Comité de Paris – l’instance créée par la présidence française pour évaluer quotidiennement l’état d’avancée des discussions. « Il faut nous préparer à avancer cette nuit et demain en vue de l’adoption d’un accord dans les délais fixés », a-t-il conclu.

La version finale de l’accord est censée être rendue dès jeudi. Il faudra ensuite en assurer la traduction et la validation juridique pour adoption le vendredi 11 décembre à 18 heures. Un rythme à marche forcée, dont certaines ONG se sont inquiétées, comme le WWF, qui craint que « des sujets fondamentaux disparaissent » dans ce sprint final.

Quatre groupes de travail

« Les trois points qu’il reste à trancher doivent absolument être dans l’accord. Il faut que les clauses de révision à la hausse des objectifs de réduction des émissions prennent effet dès 2020. Que les modalités de financement soient claires sur la part de prêts et la part de dons. Et qu’il y ait la parité entre les sommes consacrées à l’adaptation et à l’atténuation », a réagi Nicolas Hulot, l’envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète.

« Si le brouillon n’est pas amélioré, l’accord restera sans vie. Un tel accord est inadmissible pour nous », estime de son côté Célia Gautier, du Réseau Action Climat. D’après elle, « les mécanismes de révision [des engagements de réduction des émissions] semblent extrêmement flous et tardifs, les financements climatiques encore incertains, et au point mort après 2020, et le cap de long terme de l’accord diverge entre la vision des pays vulnérables et celle des pays industrialisés et pétroliers. » « On est très loin du compte, alors qu’il ne reste que 24 heures, a également regretté Jean-François Julliard, de Greenpeace. Sur les principaux points, les options et de crochets sont toujours là. »

Pour tenter de résoudre les lignes de fracture qui demeurent, le Comité de Paris, a entamé dès dimanche un intense labeur diplomatique. Quatre groupes de travail se sont articulés autour des grands chapitres de l’accord. D’abord, les « moyens de mise en œuvre », centrés sur les questions de financement, de transfert de technologies et de renforcement de compétences. Ensuite, la « différenciation », référence à la responsabilité historique des pays développés dans les émissions de gaz à effet de serre. Mais aussi l’« ambition » de l’accord, son objectif de long terme et ses mécanismes de révision. Et enfin, les actions pré-2020, date prévue d’entrée en vigueur de ce régime climatique universel espéré à Paris."

Le Monde

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