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La parité Hommes-Femmes à l'Education nationale

Le 7 janvier 2016, la MGEN organisait dans ses locaux à Paris un colloque "Les Femmes, Sexe Fort dans l'Education ?" consacré à la parité hommes-femmes dans l'éducation. Diverses organisations syndicales étaient représentées.

parité,éducation

Après un état de la situation qui constate que les femmes sont plus nombreuses que les hommes mais dans les grades les moins élevés, un certain nombre de pistes sont proposées pour corriger cette situation : application des lois Sauvadet (augmentation des effectifs féminins dans les jurys) et Fioraso, parité au CNU, sensibilisation des cadres de l'ESEN etc...

MGEN COLLOQUE CARREFOUR SANTE SOCIAL – JEUDI 7 JANVIER 2016

Carrefour santé social réunissant Mgen et organisations syndicales, 10 années d’existence.

LES FEMMES, SEXE FORT DANS L’EDUCATION ?

Isabelle Rondot, Mgen, déléguée nationale en charge des Affaires publiques

Part croissante des femmes dans la fonction publique d’Etat. L’Education nationale est le ministère qui compte le plus de femmes, 2/3. Quatre femmes pour un homme ; beaucoup de professeurs des écoles femmes et inversement si l’on considère les professeurs d’université. 64 % de femmes en catégorie A, 91 % en catégorie C. Importance des présupposés sociaux, des préjugés collectifs et survivance des pratiques discriminatoires. Ce colloque permet d’actualiser les connaissances, de renoncer aux idées reçues. Ces échanges contribuent au vivre mieux pour chacun et au vivre ensemble.

François Desriaux, rédacteur en chef du magazine Santé et Travail : N° sur la fin des frontières entre travail et vie professionnelle et également N° sur les femmes chez Hesamag.

Adrien Friez, chef du département des études et des statistiques DGAFP

Mesurer et analyser les écarts de rémunération des H et des F dans la fonction publique (rapport accessible sur le site du défenseur des droits et …) :

a - Décomposition des inégalités liées au genre au sein de la Fonction publique (FP) 

Plus les agents sont âgés, plus les inégalités de rémunération liées au sexe sont élevées. Le genre explique 9 % des inégalités de rémunération dans la FP. Ecart croissant tout au long de la carrière. Inégalité plus grande sur les primes. Dans la FP d’Etat , l’écart de rémunération entre les H et les F est inférieur à 10 % dans 2/3 des ministères.

b -Identification et quantification des sources de l’écart de rémunération entre H et F 

Incidence du temps partiel. Effet des enfants : effet positif en salaire horaire mais effet négatif sur le temps de travail des femmes. A la différence des pères, les mères réduisent leur temps de travail.

c -Comparaison des rangs relatifs des H et des F

Moins de F dans les postes les plus élevés. Le seul fait d’être une femme rend plus difficile la progression dans l’échelle des salaires. Il n’y a pas moins d’écart dans la FP que dans le privé, une fois neutralisé les effets de structure.

Table ronde « l’éducation : des métiers de femmes »

Marlaine Cacouault-Bitaud, sociologue, professeure émérite de l’Université de Poitiers

La féminisation dans le primaire est ancienne. En 1902-1903, les institutrices représentent 56,7 % dans le primaire et 67 % avant la deuxième guerre mondiale. La loi de 1886 prévoit que les femmes prendront en charge les classes mixtes et dirigeront les écoles mixtes. Si c’est un couple, il est conseillé que la F prenne plutôt en charge la classe des petits (image de la mère). Les concours d’entrée sont des concours séparés H et F, le premier concours mixte date de 1985. Pour le concours de l’agrégation, premier concours mixte en 1976. Les ENS, Ecoles normales supérieures Filles et Garçons ont fusionné en 1986.

En 2015, 82,6 % de F professeures dans l’enseignement primaire et 92,4 % dans le pré-élémentaire. C’est un métier qualifiant et intéressant pour les F. Pourquoi les H n’apprécient-ils pas la qualification et l’intérêt de ce métier ?

Problème de l’orientation des F et des G encore très différenciée. On incite les F à se diriger vers des métiers plus masculins mais pas l’inverse. Ces orientations retentissent dans l’enseignement supérieur.

Les H sont surreprésentés dans les directions d’école, 67,6 %. Les H dans les professions féminisées cherchent les niches, où ils peuvent exercer la direction.

Dans l’enseignement secondaire,

  • 1931, 27 % de F chez les agrégés contre 55 % pour l’ensemble des professeurs du secondaire ;
  • 1950, 41,4 % de F agrégées ;
  • 1961, 50 % ;
  • 1985, 56,3 % ;
  • 2015, 51 %.

Dans le secondaire, à partir de la fin des années 80, la féminisation tend à baisser ; Aujourd’hui, 50/51 % des agrégés sont des F et 61 % des certifiés. Ce qui est moins important que dans d’autres pays d’Europe.

La féminisation continue à augmenter dans les disciplines dites féminines (lettres, langues vivantes) mais diminue dans les disciplines dites masculines (maths, physique, philosophie). Incidence de la discipline et de l’établissement (collège ou lycée). Les H ont des stratégies pour rejoindre les lycées Incidence du temps partiel, 15 % des personnels mais 5 % des H seulement. Les F prennent un temps partiel pour préparer les concours, pour mieux préparer leur cours, parce qu’elles sont fatiguées (double journée de travail).

¼ des professeurs du supérieur sont des F. Augmentation du nombre des F dans les maîtres de conférences : 29 % en 1981, 43 % en 2015.

Les Personnels de direction : l’ouverture des établissements à la mixité a entraîné une masculinisation des personnels de dir. Après la guerre, en 1947 40 % des responsables d’établissements sont des F, 22 % en 1980.

Aujourd’hui, re-féminisation relative mais pas à la tête des établissements valorisés. 30,6 % de F sont personnels de direction, collèges et lycées confondus, 45 % sont principaux de collèges, avec des différences selon les académies.

Les concours sont très importants pour les femmes, cela « limite les dégâts ». Plus il y a de dérèglementation, plus il y a d’écarts H/F.

 

Dominique Cau-Bareille, ergonome, maître de conférences à l’Université de Lyon 2

Rapport « trajectoires et rapports de genre dans le second degré »

Les établissements scolaires connaissent une réduction de leurs moyens (manque de 10 %), ce qui conduit à une augmentation des heures supplémentaires. Les F avec enfants ne sont pas demandeurs de ces H S.

Il y a aussi une réduction des budgets ce qui conduit à la mise en place de partenariats et de financements extérieurs, ce qui demande temps et disponibilité.

La charge de travail augmente : passages des épreuves HDA, LV, TPE…

Le modèle du bon enseignant est celui qui assure son enseignement et des activités connexes (participation au CA, projets,…), son rayonnement dans l’établissement fait partie de l’évaluation qui est un enjeu du bien-être au travail.

Les enseignants à temps partiel, enseignantes le plus souvent, ont une note administrative plus faible et enseignent moins dans des classes valorisantes.

 

Florence Chappert, Agence nationale d’amélioration des conditions de travail, ANACT ( du ministère du travail)

« De l’égalité professionnelle à la santé au travail : une approche organisationnelle de la prévention des inégalités H/F »

L’Anact s’intéresse au genre depuis 2008. Elle a un regard sur la santé au travail et l’égalité professionnelle, égalité d’accès à un travail de qualité, à des conditions de travail de qualité, à une organisation de travail de qualité, à des espaces de dialogue pour débattre de tout cela.

On constate une asymétrie de l’évolution du nombre des accidents du travail, augmentation pour les F et diminution pour les H, dans le privé depuis 14 ans. Les F sont rentrées dans le travail dans des activités exposées aux risques. Les dispositifs des postes de travail n’ont pas toujours été adaptés aux caractéristiques physiques des F.Il s’agit des accidents de plein pied et de transports en commun.

Les absences pour maladie des F sont de 30 à 40 % supérieurs à celles des H.

Cette étude porte sur 18 millions de salariés gérés par la CNAM.

 

Christèle Meilland, Institut de recherches économiques et sociales, IRES

« Les relations emploi-famille dans les pays de l’OCDE »

80 % des F sont actives de 20 à 55 ans. 60 % des F exercent 30 % des emplois existants. Problème de la double journée de travail.

Notion de conciliation temps professionnel/temps familial : rapprocher des avis ou des intérêts opposés en vue d’un accord. Comment cumuler temps professionnel/temps familial dans des conditions harmonieuses ?

Mise en place de politiques publiques dans l’OCDE ; les modèles de conciliation varient d’un pays à l’autre. Différences mais une constante assignation des F aux tâches domestiques.

La répartition temps professionnel/temps familial est inégale entre les H et les F et variable selon les pays, selon les dispositions relatives au congé parental, aux structures de garde d’enfants. La présence d’enfants a des conséquences sur l’emploi des F. La rupture est particulièrement importante à partir du 3e enfant, également en France. En France, le taux d’activité des F chute de 74,1 % à 47,4 % du 2e au 3e enfant.

Dans l’OCDE, la part de l’emploi à temps partiel est de 29,1 % des F et 5,7 % des H.

La crise de 2007/2008 a surtout exacerbé les tensions en cours : accès à l’emploi, temps partiel… mais n’a pas vraiment changé les choses.

Dans les pays nordiques, approche égalité des sexes et égalité des chances. Les instruments de conciliation sont : structures de garde d’enfants, congés parentaux.

Table ronde « Inégalités de genre, quels leviers pour le changement ? »

Armelle Séité-Salaün, directrice adjointe de l’IUT de Vannes, chargée de mission Egalité H/F, Université de Bretagne sud

Les F sont majoritaires dans les étudiants en licence, mais leur part diminue dans les doctorants, les professeurs d’université et les présidents d’université.

Les filles se retrouvent dans les disciplines dites féminines : langues, lettres ou sciences humaines et sociales. Les garçons se retrouvent en sciences fondamentales et appliquées.

Les inégalités sont liées aux stéréotypes. Les leviers :

  • La réglementation : 2012, loi Sauvadet : 40 % de chaque sexe dans les jurys de la fonction publique au 1er janvier 2015.

Juillet 2013 : autant de F que d’H dans les nominations aux différents Conseils.

  • Présenter des listes paritaires dans les élections aux Conseils.
  • Promouvoir égalité H/F et exercer une veille.
  • Etablir des statistiques sexuées.

Elisabeth Bagault, membre de la commission confédérale femme de la CFDT

  1. Lutter contre les stéréotypes ;
  2. Utiliser les rapports de situations comparées ; les données sexuées doivent concerner           9 champs : embauche, formation, promotion, qualification, classification, conditions de travail, sécurité et santé au travail, rémunération effective, articulation des temps. La feuille de route 2015 demande d’intégrer ces données dans le bilan social de l’Education nationale. Ce bilan social, pour être utile, devrait servir à établir un diagnostic et ensuite conduire à des actions. Les données sexuées doivent être faites par catégorie et établies chaque année.
  3. Former les Ressources humaines : former les cadres car ce sont eux qui évaluent et établissent les promotions dont découle la rémunération. Lutter contre le stéréotype, « la fonction publique protège des discriminations de genre ».

Françoise Ducroquet, chargée de mission « Egalité Femmes/Hommes » UNSA Education

Situation des personnels « santé, sociaux » (médecins scolaires, infirmières, assistantes sociales…) : majorité écrasante de femmes. Pour que les mentalités évoluent, beaucoup à construire et beaucoup à déconstruire mais cela passe aussi par la revalorisation des rémunérations.

Centre Hubertine Auclair réalise des études sur les manuels scolaires et montre la place des femmes dans les manuels scolaires.

Il y a nécessité d’une formation systématique.

Représentant du ministère de l’Education nationale

Le ministère a engagé une politique volontariste :

  • Obligation légale de faire rapidement bouger les choses : bilans sociaux avec données sexuées.
  • Règle des 40 % de femmes dans les jurys mais une dérogation dans l’enseignement supérieur pour les disciplines déficitaires en femmes, ex : génie mécanique.
  • Formation des cadres par l’Esen (Ecole supérieure de l’Education nationale) et agence de mutualisation de l’université, aux problématiques de parité.
  • Feuille de route 2015, obligation de la loi Fioraso.
  • Obligation art.74 de la loi sur l’égalité réelle du 4.08.2014 de nommer, à parité H et F dans les différents conseils et comités, ex : conseil national des Universités.
  • Mais pas d’obligation de parité dans les listes pour les élections professionnelles.

Marie-Claire Closse
Nancy

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