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• Enfouissement des déchets nucléaires à Bure - Témoignage

BureStop2.jpgQuand les habitants du secteur de Bure, petit village de la Meuse, entendirent les mots "laboratoire de recherche souterrain ", la fierté d'accueillir des "savants" dans leur coin déshérité les submergea .

Pauvre en moyens de communication : routes étroites, à cette époque en mauvais état, chemin de fer à l'état de souvenir, dépopulation, industrie du bois en déclin, notre région du sud-meusien devenait enfin digne d'intérêt.

Nos représentants acceptèrent avec enthousiasme .

Les rares opposants furent regardés avec agacement ou commisération .

Il fallut longtemps avant que les habitants ne comprennent, grâce à la réactivité des militants associatifs de l'Aube, la Haute-Marne, la Meuse et les Vosges, la véritable nature du pseudo-laboratoire : une poubelle nucléaire à 500 m sous leurs pieds.

 

Face à une levée de boucliers des associations, l’ANDRA (Agence Nationale des Déchets Radioactifs) en charge du projet CIGéo (Centre Industriel de stockage Géologique) localisé à Bure, se devait d'écarter les appréhensions.

-         Ses arguments techniques, présentés avec une autorité ne tolérant aucune contestation par des scientifiques de haut niveau , furent réfutés par d'autres scientifiques indépendants et tout aussi qualifiés . Il fallut donc affiner la méthode. Ce fut fait.

-         La promesse de 1000 emplois locaux fut une annonce  du paradis dans une contrée touchée par le chômage. Environ 15% de ceux-ci ont été créés. Ils concernent des postes à faible qualification, mais bien rémunérés. Cela ne suffit pas à écarter toute opposition.

-         L'ANDRA accorde désormais 30 M d’euros/an à chaque département directement concerné: Haute-Marne et Meuse. Ceci nous permet d'avoir de somptueux décors dans nos villages...

 

Pourtant les rapports présentés par l'ANDRA auraient dû, dès le début, alerter nos décideurs. Seul le maire de Bonnet a eu le courage de résister aux sirènes de la tentation,  aux pressions et aux cabales montées contre lui. Merci à lui pour le présent et le futur.

 

Difficile de trouver le temps de lire les 4000 pages du rapport de l'ANDRA !

Pourtant, un scientifique, B. Thuillier, y a consacré une partie de ses vacances... En réaction à ce rapport, il s'est exprimé, en juin 2012, lors d’une manifestation publique organisée à Ligny-en-Barrois (http://www.villesurterre.eu/index.php?option=com_content&task=view&id=387) par le CEDRA, l’Association MIRABEL, Michel Guéritte (Ville-sur-Terre) et de nombreux anonymes; Corinne Lepage fut la seule personnalité politique européenne à y participer.

En réponse, une seconde manifestation, fût organisée à Bure, en septembre 2012, par le CLIS(Comité Local d'Information et de Suivi du Laboratoire souterrain de recherche sur la gestion des déchets radioactifs de Bure) (http://www.dailymotion.com/relevance/search/clisbure/1).

 

Tous les arguments présentés par B. Thuillier sont issus des écrits de l'ANDRA, sans aucun travestissement. En voici les principaux :

 

1.      99,96% de la radioactivité des déchets produits en France sera entreposée à Bure !

2.      Le transfert des colis primaires et le retour des colis de transport seront facteurs de contamination. Celle-ci s'exprime en niveau de radioactivité/cm2. La réglementation sur les transports tolère 800 millions de Becquerels, concentrés sur les voies d'accès au site… Seriez-vous volontaires pour habiter à proximité ? Il y a des maisons à vendre à des prix défiant toute concurrence ! Prendriez-vous le train avec vos enfants ? Des lignes vont être réouvertes ! 

3.      Des gaz radioactifs seront rejetés dans l'atmosphère. En effet, dans un premier temps (40 ans), les colis de déchets seront entreposés en surface, afin de refroidir, et d’éviter que la chaleur qu'ils dégagent ne détériore les alvéoles destinées à les recevoir .

Certains de ces colis dégagent de l'hydrogène, radioactif inévitablement. Ils ne doivent donc pas être étanches, sous peine d'éclatement, et une ventilation sera indispensable pour éviter tout risque, une explosion se produisant si la concentration d'hydrogène atteint 4% dans l'air ambiant et en présence d'étincelle. Ce seront ainsi 1,8 millions de m3/heure, qui seront rejetés dans l'atmosphère.

Que deviendront légumes, fruits , champignons et autre végétaux, gibier, animaux d'élevage et de compagnie dans notre région ? Seulement dans notre région ? Nous n'osons pas envisager les conséquences pour l'homme, être vivant, avec l'oiseau, le plus sensible à la radioactivité ?

4.      Les installations de surface utiliseront des centaines d'hectares de terres agricoles. Actuellement , l'ANDRA achète bois et terres à des prix très élevés. S'installer, pour un jeune agriculteur, devient difficile, alors que l'agriculture est la seule économie de notre région. 

5.      De son côté, le regretté André Mourot avait signalé la présence d'une importante ressource en eau chaude à potentiel géothermique sous la future poubelle nucléaire et courant un grand risque d’être contaminée. Il lui fut répondu qu'elle était trop salée pour être exploitée ; bien que ce ne soit pas un inconvénient dans d'autres pays...  

6.      Inversement, des puits seront asséchés par le creusement de 5 km de descenderie. 250000 m3 de béton seront fabriqués chaque année pour construire les galeries et les alvéoles. Où puisera-t-on l'eau nécessaire ? Devra-t-on la rationner ? En cas de pénurie, que deviendront les animaux ? 

7.      Les opérations de traitement des déchets radioactifs sur place seront, également, source de problèmes : incidents sous terre, pannes d'engins téléopérés , chute de colis, incendie, explosion causée par la moindre étincelle ...

      Le risque d'incendie est peu pris en compte. Pourtant l'exemple de Stocamine donne à réfléchir. Des déchets non-radioactifs et très contrôlés ont été entreposés dans les anciennes mines de potasse d'Alsace. Les études prévoyaient un risque d'incendie quasi-inexistant. Mais cet incendie a eu lieu et il a fallu deux mois pour l'éteindre. Un nuage toxique a arrosé la région.

Nous aurons 10.000 tonnes de bitume stockées à Bure. Il s'enflamme à 400°. Sommes-nous prêts à prendre le risque d'un nuage radioactif ? De plus un incendie à Bure devrait être éteint sans eau, celle-ci augmentant la criticité des colis.  

8.      Pour terminer, on peut évoquer la question de l’alea sismique officiellement considéré, dans la région, comme « très faible ».  C’est ne pas tenir compte des secousses issues des Vosges ou de plus loin, et pouvant atteindre et dépasser largement Bure. Le séisme ayant touché les Pays-Bas en 1992 (magnitude 5.6)  a eu des effets observables à Joinville (21km), et celui de Rambervillers en 2003 (magnitude 5.4) été ressenti dans tout le quart Nord-Est de la France. A quelques km de Bure, les poutres ont craqué et les verres se sont entrechoqués… Le risque est « très faible », mais Fukushima est là pour nous rappeler qu’en matière de nucléaire on n’est jamais trop prudent.

 

Reste le problème du coût. Evalué à 15 milliards d'euros en 2005, il était déjà multiplié par deux en 2011. En comparant avec le projet américain (suspendu par l'administration Obama en 2010) , il faudrait compter entre 100 et 200 milliards d'euros à Bure. La facture pourrait retomber sur les collectivités locales et les régions, contraintes de prendre en charge une contamination du sous-sol , et du sol en cas d'incendie... Les fonds prévus ne couvrent, par ailleurs, pas un éventuel retrait des colis, ce qui obère la fameuse réversibilité dont on nous rebat les oreilles.

Indirectement, nos produits phares,  Brie de Meaux, champagne et autre vins locaux ... seront dévalorisés. Nous avons des concurrents à l'étranger qui sauront profiter de cette dégradation de notre image de marque... Les économies de notre région et de notre pays n'ont pas besoin de ce nouveau coup.

 

Face à cette catastrophe annoncée, la démarche des association a été appuyée, en septembre 2012, par un groupe de réflexion comprenant 12 membres de sensibilités différentes. Il appelle à l'application du principe de précaution, à l'éthique, à la recherche de solutions alternatives, à l'échange des points de vue, et invite à agir. Le document de synthèse a été signé par les évêques des départements directement concernés : Aube, Haute-Marne, Meuse et Vosges.

 

Une proposition revient régulièrement : conservons, pour l’instant, les déchets sur le lieu de leur production et faisons confiance à la recherche scientifique pour les neutraliser de façon moins dévastatrice.

Et consacrons le somme destinée à Bure à la transition énergétique qui, elle aussi, a ses coûts.

 

Huguette MARECHAL 

 

 

 

Commentaires

  • A écouter sur RTL, une interview de B. Thuillier avec des commentaires de journaliste. Très court (3 min), mais limpide.

    http://www.rtl.fr/emission/on-n-est-pas-dupes/ecouter/on-n-est-pas-dupes-de-l-enfouissement-des-dechets-nucleaires-7757750289

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