L'eurodéputée Corinne Lepage lance huit listes "Europe citoyenne" dans la bataille des européennes en mai. Elles seront menées par des femmes. Et la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy figurera sur la liste en Ile-de-France.
Huit femmes têtes de liste donc… sur huit listes «Europe citoyenne», la déclinaison pour les élections européennes de son mouvement «Rassemblement citoyen» lancé l’année dernière. Six sont confirmées, les deux autres devraient l’être «dimanche ou la semaine prochaine», précise l’eurodéputée sortante. Pour l’avocate et ex-ministre de l’Environnement du gouvernement Juppé, «il s’agit là d’une première et d’un parti pris délibéré, qui n’est pas un choix anti-hommes – nous avons d’excellents numéros deux masculins –, mais l’affirmation que nous sommes un certain nombre de femmes à avoir décidé de prendre les choses en main».
Elue en 2009 sous les couleurs du Modem avant d'en claquer la porte, Corinne Lepage mènera elle-même la liste Europe citoyenne d’Ile-de-France. Avec, en numéro deux, Victor Ferreira, président fondateur du réseau social Newmanity et fondateur de Max Havelaar France. Et en numéro trois, la vice-présidente chargée de l’instruction au tribunal de grande instance de Paris, Marie-Odile Bertella-Geffroy, connue pour avoir mis en examen Martine Aubry dans le dossier de l’amiante.
Parmi les six têtes de listes confirmées pour les élections de mai prochain figurent deux journalistes : Marie-Jeanne Husset, ancienne directrice du magazine 60 millions de consommateurs (dans le Sud-Ouest), et Dorothée Benoit Browaeys (dans l’Ouest), biologiste de formation et cofondatrice de l’association VivAgora, dont l’objectif est de promouvoir le débat public sur les choix scientifiques et techniques. Corinne Lepage a aussi convaincu deux patronnes de PME : Béatrice Robrolle-Mary (dans le Centre), qui gère la Maison des abeilles dans le parc naturel régional de la Brenne et préside l’ONG Terre d’Abeilles; et Barbara Pompilius (Outre-Mer), gérante de la société de conseil Graines d’Entreprises, à Port-Louis, en Guadeloupe. Reste, pour le Nord, la juriste Chantal Sayaret, présidente de l’Institut français de la mer.
ACTEURS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE - Le credo de Lepage ? Faire élire des personnalités de la société civile. «Ce n’est pas une liste de recyclage de professionnels de la politique, mais une liste citoyenne, qui rassemble des gens d’univers très variés, qui ont tous pour qualité d’avoir fait des choses dans leur vie. Ce ne sont pas des gens qui parlent, mais des gens qui font», vante-t-elle, arguant que «l’Europe doit se faire avec les peuples, et par contre eux». Mais elle l’avoue : même si Europe citoyenne «n’est pas marquée politiquement, quoique plutôt au centre», convaincre des acteurs de la société civile n’a pas été chose aisée. «Beaucoup ont hésité. La défiance envers la classe politique est telle que le politique en lui-même est aujourd’hui décrié. Et pour des gens qui ont leur vie professionnelle, s’engager en politique est un choix extrêmement lourd.» Convaincre des femmes a aussi tenu du casse-tête : «Elles doutent, elles commencent par dire "je ne vais pas être compétente", aucun homme ne vous dira jamais cela !» Corinne Lepage elle-même confie avoir «beaucoup hésité à se représenter». Ah bon, vraiment ? «J’ai beaucoup de choses à faire, ne serait-ce qu’au sein de l’Association des anciens ministres de l’Environnement ou du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN). Mais l’Europe est tellement malmenée et les choix des candidats des grandes listes sont tellement méprisants pour les gens qu’on s’est dit qu’il n’était pas possible de laisser les choses comme cela. Nous voulons dire aux gens : "on a besoin d’Europe, mais c’est vous qui allez la faire, pas des professionnels de la politique".»
Côté programme, Lepage veut mettre l’accent sur quatre thématiques : un «grand projet économique autour de la révolution énergétique et numérique», la santé et la sécurité humaine, l’éthique et la démocratie (régulation financière, conflits d’intérêts, lobbies…), et enfin l’évolution de l’Europe (autour d’un «cœur d’Europe» qui serait ensuite étendu).
Coralie SCHAUB